Le mot « kawaii » est actuellement l’un des mots japonais les plus répandu à l’étranger. Celui-ci n’a pas manqué de s’exporter accompagné d’une culture entière. On estime la création de ce mot aux années 70, cependant le mot dont il dérive est beaucoup plus ancien que cela.

 

Murasaki Shikibu – Ⓒ Tosa Mitsuoki

Nous sommes actuellement à l’époque de Heian (794 – 1185) lorsque l’expression kao hayushi (顔映し) apparaît, se traduisant par visage rougissant. Cette phrase connaît alors différentes variantes grâce à des synonymes dont le fond garde la même signification. La première utilisation du mot kawaii revient alors à Murasaki Shikibu, dame de la cour et écrivaine à la fin de cette période, dans son roman Le Dit du Genji. Son utilisation du mot se définit par « qualité pitoyable ». A son époque, ce terme était principalement utilisé pour définir les femmes en les qualifiant de « docile ».

La place des femmes à l’époque était encore plus déplorable à l’époque qu’il ne l’est actuellement au Japon. En effet, le droit des femmes n’est apparu dans la Constitution Japonaise qu’à la suite de la Seconde Guerre Mondiale.

Dans les périodes à venir, le terme a évolué avec des suffixes, comme kawaisō (かわいそう) signifiant alors : pitoyable, pauvre, triste. Ce mot se basant sur l’étymologie de 顔映様, on retrouve la même base que dans l’expression kao hayushi. D’autres suffixes étaient parfois ajoutés pour signifier la honte ou l’embarras.

Mais dans le japonais moderne, en hiragana, le terme kawaii seul est devenu un standard pour signifier « adorable » ou « pitoyable », certaines situations pouvant même coupler les deux sens. La transcription en kanji peut, elle, se traduire par « peut être aimé ».

Kawaii écrit en kanji, hiragana et katakana – Ⓒ Taichi

Couramment, le mot « kawaii » a gardé son sens pour quelque chose d’adorable, mais parfois il peut aussi représenter une « chose fragile ». Ce dernier sens est très peu utilisé à l’étranger.

La création de ce mot a traversé plus d’un millénaire pour aboutir à ce que nous connaissons actuellement. Suite à cela, toute une culture s’est développée de manière surprenante.